Juives du Todgha
Source : La vie juive au Maroc, arts et traditions. Musée d’Israël, éd. Stavit
Dans  la vallée du Todgha, région d’oasis, il semble que la pauvreté commune y  ait amené les Berbères et les Juifs à vivre ensemble dans une relative  harmonie.
Les femmes du Todgha se drapaient dans l’izar de façon  particulière. Combiné de façon à croiser aussi bien devant que derrière,  il conférait à la femme une allure gracieuse que ne démentait pas la  simplicité du tissu, parfois même usé et déchiré. 
L’izar des femmes  berbères était souvent porté sans ceinture, les pans flottant librement.  Les femmes juives l’attachaient en se servant comme ceinture du même  mouchoir de coton bleu à pois dont les hommes avaient coutume de  s’envelopper la tête.
Les juives portaient une perruque particulière  composée autrefois de deux parties. La première, nommée swalf, était  posée sur la tête afin de cacher les cheveux. Volumineuse et pesante,  elle était formée de nombreuses queues de vaches entrecroisées (parfois  jusqu’à une trentaine). La seconde partie consistait en deux énormes  écheveaux de laine brune, pendant de part et d’autre de la tête,  reposant sur les épaules. Ces “cornes” tombantes, appelées tachqin,  étaient enveloppées dans un tissu rouge ou marron. La raie au milieu de  la perruque était ornée d’une enfilade de perles de corail et de  cornaline et d’une pendeloque d’argent. Les plus coquettes y ajoutaient  encore une garniture de monnaies d’argent cousues sur un ruban noir  sfifa et portée en travers. 
En 1883, Charles de Foucauld dessina une  femme portant une perruque de ce genre. Vers 1930, un médecin, ami de  Jean Besancenot, put encore photographier un groupe de femmes dont  plusieurs portaient l’antique perruque. Mais la plupart des femmes  juives n’avaient déjà plus à cette époque que la petite perruque ne  comportant que deux ou trois queues de bovidés. Cette modeste perruque  était répandue dans les vallée du Todgha et du Dadès et jusqu’à  Ouarzazate, en rejoignant la route de Marrakech.
Les femmes juives de  la vallée du Todgha se peignaient le visage au kherqos comme le font  les femmes berbères de cette région, surtout pour les fêtes. En dépit de  leur grande pauvreté, elles portaient de très lourds bracelets d’argent  massif à protubérances, qui dans le passé pouvaient être utilisés pour  la défense.
 
1946. Juives du Todgha
Photos Robichez
Un village spectaculaire 
qui avait la particularité d'être habité uniquement par des juifs