En tant que “Commandeur des Croyants”, chef spirituel de l’Islam marocain, le Sultan, dès la déclaration de guerre, fit lire spontanément dans toutes les mosquées et tous les souks du Maroc une proclamation à ses sujets.Les mehallas créées en août 1940, comme unités de police chargées d'assurer l'ordre et la sécurité en tribu (afin, par ce biais, d'échapper à la réduction des effectifs de l'Armée française exigée par les Allemand) sont également démilitarisées. Les officiers des mehallas (goums et makhzen) sont des contrôleurs , les sous-officiers sont des agents des Affaires Indigènes.
C'est du camouflage, mais en fait rien n'est changé : dans les Postes, les Annexes, les Cercles, les Régions, dans les goums et les makhzens, les officiers des A.I. devenus civils, en apparence, continuent de remplir leur mission avec le même travail quotidien. En fait, la mission de l'officier des A.I., sous le vocable de contrôleur, s'est encore accrue. A sa mission permanente, relative à l'application du Traité de Protectorat, vient s'ajouter une autre, inhérente au présent : accroître clandestinement le potentiel militaire des Forces françaises, aux fins de reprendre un jour les armes contre l'Allemagne.
Dans les Bureaux, dans les Territoires civils comme dans les Territoires militaires, des armes en grande quantité sont cachées. A ce travail de camouflage, qui comporte un risque sérieux pour les intéressés, participent activement les contrôleurs civils. Preuve de la fidélité et de la confiance des Marocains, aucune dénonciation ne sera fait auprès de la Commission d'Armistice allemande.
« Vingt mille armes individuelles avec 21 millions de cartouches, 60 canons, 200 mortiers, 4000 armes automatiques, 200 000 coups de 75, 250 camions, 50 porte-chars, 10 chars H-35, avaient disparu dans la nature avant l'arrivée des commissions allemandes et italiennes. Des canons de 105 furent dissimulés dans des grottes presque inaccessibles, des tonnes de munitions dans un poste du Moyen Atlas, 23 chars Somua furent envoyés en A.O.F. Tous les véhicules qui auraient pu tenter les Allemands s'étaient volatilisés, même les camions-citernes venus des Etats-Unis et encore en caisses ; on camoufla également les machines-outils et d'importants stocks de métaux bruts tels le nickel, le cobalt, constituant les cargaisons de navires réfugiés au Maroc en juin 1940. Aucun de ces dépôts clandestins ne sera découvert, en dépit des investigations des Commissions d'armistice, disposant de moyens sonnants et trébuchants, ou autres, pour obtenir des renseignements de la part des indigènes. » Général Guillaume
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